(Saynète extraite de Mona
Lisa ne sourit jamais, pièce parue à la Librairie Théâtrale)
Durée approximative :
6 minutes
PERSONNAGES :
2 hommes
- Leonardo Da Vinci
- Salaï
Synopsis :
1505 Florence -Italie- :
Salaï le disciple de Léonardo Da Vinci a construit une aile volante
rudimentaire. Hélas elle ressemble plus à deux cerfs-volants qu’une véritable
machine. Toutefois, ils vont fantasmer le rêve encore inaccessible de pouvoir
voler comme des oiseaux.
Un voyage imaginaire qui les mènera des hauts plateaux de
Florence au phare d’Alexandrie.
Accessoires : Deux ailes type cerfs-volants avec des sangles pour les faire
tenir sur les bras.
Costumes : Libre de choix
Commentaire : Saynète extraite de la pièce "Mona Lisa ne sourit jamais" que j'ai écrit en 2010. Elle fonctionne bien toute seule. C'est surtout la première que j'ai imaginé avant d'écrire tout le reste de l'histoire autour. Un point de gravité qui parle de voyage.
Poétique dans sa forme mais qui traduit le génie visionnaire de Léonardo Da Vinci, puisque ses plans serviront de base aux ingénieurs futurs quelques siècles plus tard.
Commentaire : Saynète extraite de la pièce "Mona Lisa ne sourit jamais" que j'ai écrit en 2010. Elle fonctionne bien toute seule. C'est surtout la première que j'ai imaginé avant d'écrire tout le reste de l'histoire autour. Un point de gravité qui parle de voyage.
Poétique dans sa forme mais qui traduit le génie visionnaire de Léonardo Da Vinci, puisque ses plans serviront de base aux ingénieurs futurs quelques siècles plus tard.
----------------------------------------------------------
-EXTRAIT-
Leonardo : (Voix en coulisses) Ce n’est plus possible ! Non, ce
n’est plus possible !
Leonardo entre, se positionne au centre de la
scène et pose une main devant son visage.
Leonardo : Il faut que je me
calme où je ne ferais rien de bon aujourd’hui.
Salaï : (Apparaissant
à cour avec ses deux cerfs- volants) Maître ? Quelque
chose ne va pas ?
Leonardo : Ah ? Tu es là
Salaï.
Salaï : Que se
passe-t-il ?
Leonardo : Je me sens
complètement vaseux aujourd’hui. Je me suis pourtant couché tôt hier ! Je
tombais de sommeil.
Salaï : Ah ? Je n’avais
pas remarqué. Mais ce n’est pas cela qui vous agace, je suppose ?
Leonardo : C’est ce maudit
Michelangelo ! Déjà que la technique de peinture que j’ai voulu employer
est un désastre mais en plus, ce maudit peintre passe son temps à m’insulter et
à me provoquer ! Ce n’est plus possible de travailler dans des conditions
pareilles.
Salaï : Ah, je vois. Quelle idée aussi la Seigneurie de Florence a
eu de vous coller dos à dos dans la salle du conseil pour réaliser chacun une
fresque …
Leonardo : Oui…l’envie est
grande de quitter la ville pour des horizons plus vastes.
Salaï : Ce n’est peut-être
pas le moment de vous montrer mon modèle d’aile volante.
Leonardo : L’aile volante ?
(Surpris) Tu l’as finie ?
Salaï : Oui.
Leonardo : Déjà ?
Salaï : Oui. Mais attention
ce n’est qu’un modèle expérimental.
Leonardo : Ah ? Et où
l’as-tu rangé ? Dans l’étable ?
Salaï : Non. Elle est là
devant vous.
Leonardo réalise qu’il s’agit des deux grands
cerfs-volants
Leonardo : Une seconde ? Tu
permets ?
Leonardo va jusqu’au devant de scène à jardin,
lui tournant le dos et commence à pouffer doucement pour ne pas le vexer.
Salaï : Maitre ? Tout va
bien ?
Leonardo : Oui. Oui.
Leonardo se retient tant qu’il peut mais
finit par exploser de rire.
Salaï : Je ne vois rien de
drôle. Vous vouliez bien une aile
volante ?
Leonardo : (sortant un mouchoir de sa poche et s’essuyant les yeux) Excuses-moi Salaï
mais à défaut d’une aile volante je crois que tu as fait deux jolis
cerfs-volants….et je ne suis pas sûr qu’ils puissent voler. C’est tout ce que
tu as pu tirer des plans que je t’ai confiés ?
Salaï : Oui. J’ai allégé
l’ensemble.
Leonardo : Pour être
allégé, ça a été allégé…Où sont passés les cordages, les poulies et les
différents engrenages de mon invention ?
Salaï : Justement. J’ai
réfléchi et je me suis dit : pourquoi les précédents vols ont-ils été un échec ?
Votre aile volante était trop lourde ! Alors en plus avec le poids d’un
homme !
Leonardo se tient le menton un instant,
pensif devant à la remarque de Salaï.
Leonardo : Trop
lourde ? C’est possible…J’aurais dû y songer plus tôt… (Pour lui-même) Peut-être avec un bois
plus léger et une envergure de voile plus grande….
Salaï : Maître ? Je vous
montre comment cela fonctionne ?
Leonardo : Oh ? Oui
bien sûr. Excuses-moi, je pensais à voix haute.
Salaï : Venez par ici. Il y a
plus de place.
Amusé, Leonardo se laisse entrainer. Les deux
hommes se mettent devant la scène au milieu.
Salaï : Vous remarquerez
qu’il y a deux petites sangles sur chaque aile… c’est pour passer les bras
comme ceci…et la deuxième…si vous voulez bien m’aider... (Leonardo l’aide à enfiler la deuxième aile)…voilà comme cela…à la
manière des oiseaux. Eux, ils n’ont pas besoin de poulies et de cordes. (Une fois les deux ailes en place, Salaï lève
les bras ressemblant vaguement un oiseau) Alors qu’en pensez-vous ?
Leonardo ne dit rien, il se contente de
sourire en le regardant.
Salaï : Vous ne me paraissez
pas très emballé.
Leonardo : (plein de douceur) Salaï…Mon bon
Salaï…Tu te rends compte que depuis toutes ces années où l’on se connaît, c’est
la première fois que tu construis quelque chose pour m’aider ?
Salaï : Ah ?
Leonardo : Je suis fier
de toi.
Salaï : Merci Maître.
Leonardo : Mais je doute
que tu puisses voler avec ceci. Te rompre le cou très certainement mais
voler…non.
Salaï : Ah ? Pourtant je
jurerais que…
Leonardo : Toutefois, je
tiens compte de ta remarque : il faut que j’allège l’ensemble.
Il s’assoit sur le rebord de la scène juste
devant Salaï avec ses deux ailes déployées. La lumière s’atténue sur le plateau
pour se concentrer sur les deux hommes.
Leonardo : Un jour l’homme
réussira à voler, Salaï. J’en ai eu la vision. Nous aurons sans doute disparu
d’ici là, mais le monde continuera d’évoluer. Et l’homme aura acquis
suffisamment de connaissance pour quitter la terre ferme... (Salaï commence à battre des ailes doucement)
La connaissance. La connaissance est la clef de tout. Tu imagines ? Nous
nous envolerions d’abord des hauts plateaux de Florence…
Salaï : (continuant à battre des ailes et se prenant au jeu) Oui du plus
haut plateau avec une journée ensoleillée et une brise matinale ….
Leonardo : C’est cela.
C’est exactement cela. Et nous
volerions vers la Toscane traversant les vallées verdoyantes. Nous verrions
toutes ces magnifiques vignes depuis le ciel.
Salaï : Qu’elles sont
belles ! La récolte sera pour bientôt, le vin coulera à flots !
Leonardo : Puis direction
le sud, vers Rome.
Salaï : Oui, cap au
sud ! Rome ! Un petit salut au Pape et nous irions plus loin encore.
Léonard : Plus loin ? Mais
tu serais épuisé.
Salaï : Non, non, plus loin.
Leonardo : Plus loin… plus
loin… Si tu veux…Nous volerions encore…Jusqu’à la baie de Naples où jadis le
Vésuve rentra en éruption pour détruire Pompéi. Ecoutes-le gronder. Vu du ciel,
il ressemble à une bouche béante prête à nous avaler.
Salaï : Oui. Mais nous sommes
trop hauts et il ne peut nous atteindre… continuons… plus loin… plus loin,
Maître.
Leonardo : (semblant se perdre dans ses rêveries)
Plus loin… D’accord… Nous traversons la mer. Du bleu, du bleu partout autour de
nous. Le bleu le plus pur que tu aies jamais vu. Aux milles reflets et aux
nuances chatoyantes. Le bleu des eaux en dessous de nous et celui du ciel au
dessus. Tu n’as pas peur, Salaï ?
Salaï : Non, j’aime le bleu.
J’aime le bleu...Mais… ? Que se passe-t-il ? Tout devient moins bleu.
Leonardo : Le soleil se
couche. Nous devrons voler de nuit. Les côtes de Sicile se dessinent à
l’horizon. Nous approchons. Nous voyons les lumières de Palerme. Nous
arrêtons-nous ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire