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Les 12 saynètes

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Vous y trouverez l'histoire la distribution, un commentaire et un extrait pour chacune d'entre elles.

lundi 11 avril 2016

DE FLORENCE A ALEXANDRIE



(Saynète extraite de Mona Lisa ne sourit jamais, pièce parue à la Librairie Théâtrale)
Durée approximative : 6 minutes

PERSONNAGES : 2 hommes
-       Leonardo Da Vinci
-       Salaï

Synopsis :
1505  Florence -Italie-  : Salaï le disciple de Léonardo Da Vinci a construit une aile volante rudimentaire. Hélas elle ressemble plus à deux cerfs-volants qu’une véritable machine. Toutefois, ils vont fantasmer le rêve encore inaccessible de pouvoir voler comme des oiseaux.
Un voyage imaginaire qui les mènera des hauts plateaux de Florence au phare d’Alexandrie.

Accessoires : Deux ailes type cerfs-volants avec des sangles pour les faire tenir sur les bras.
Costumes : Libre de choix
Commentaire :  Saynète extraite de la pièce "Mona Lisa ne sourit jamais" que j'ai écrit en 2010. Elle fonctionne bien toute seule. C'est surtout la première que j'ai imaginé avant d'écrire tout le reste de l'histoire autour. Un point de gravité qui parle de voyage. 
Poétique dans sa forme mais qui traduit le génie visionnaire de Léonardo Da Vinci, puisque ses plans serviront de base aux ingénieurs futurs quelques siècles plus tard.

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-EXTRAIT-


Leonardo : (Voix en coulisses) Ce n’est plus possible ! Non, ce n’est plus possible !

Leonardo entre, se positionne au centre de la scène et pose une main devant son visage.

Leonardo : Il faut que je me calme où je ne ferais rien de bon aujourd’hui.
Salaï : (Apparaissant à cour avec ses deux cerfs- volants) Maître ? Quelque chose ne va pas ?
Leonardo : Ah ? Tu es là Salaï.
Salaï : Que se passe-t-il ?
Leonardo : Je me sens complètement vaseux aujourd’hui. Je me suis pourtant couché tôt hier ! Je tombais de sommeil.
Salaï : Ah ? Je n’avais pas remarqué. Mais ce n’est pas cela qui vous agace, je suppose ?
Leonardo : C’est ce maudit Michelangelo ! Déjà que la technique de peinture que j’ai voulu employer est un désastre mais en plus, ce maudit peintre passe son temps à m’insulter et à me provoquer ! Ce n’est plus possible de travailler dans des conditions pareilles. 
Salaï : Ah, je vois.  Quelle idée aussi la Seigneurie de Florence a eu de vous coller dos à dos dans la salle du conseil pour réaliser chacun une fresque …
Leonardo : Oui…l’envie est grande de quitter la ville pour des horizons plus vastes.
Salaï : Ce n’est peut-être pas le moment de vous montrer mon modèle d’aile volante.
Leonardo : L’aile volante ? (Surpris) Tu l’as finie ?
Salaï : Oui.
Leonardo : Déjà ?
Salaï : Oui. Mais attention ce n’est qu’un modèle expérimental.
Leonardo : Ah ? Et où l’as-tu rangé ? Dans l’étable ?
Salaï : Non. Elle est là devant vous.

Leonardo réalise qu’il s’agit des deux grands cerfs-volants

Leonardo : Une seconde ? Tu permets ?

Leonardo va jusqu’au devant de scène à jardin, lui tournant le dos et commence à pouffer doucement pour ne pas le vexer.

Salaï : Maitre ? Tout va bien ?
Leonardo : Oui. Oui.

Leonardo se retient tant qu’il peut mais finit par exploser de rire.

Salaï : Je ne vois rien de drôle.  Vous vouliez bien une aile volante ?
Leonardo : (sortant un mouchoir de sa poche et s’essuyant les yeux) Excuses-moi Salaï mais à défaut d’une aile volante je crois que tu as fait deux jolis cerfs-volants….et je ne suis pas sûr qu’ils puissent voler. C’est tout ce que tu as pu tirer des plans que je t’ai confiés ?
Salaï : Oui. J’ai allégé l’ensemble.
Leonardo : Pour être allégé, ça a été allégé…Où sont passés les cordages, les poulies et les différents engrenages de mon invention ?
Salaï : Justement. J’ai réfléchi et je me suis dit : pourquoi les précédents vols ont-ils été un échec ? Votre aile volante était trop lourde ! Alors en plus avec le poids d’un homme !

Leonardo se tient le menton un instant, pensif devant à la remarque de Salaï.

Leonardo : Trop lourde ? C’est possible…J’aurais dû y songer plus tôt… (Pour lui-même) Peut-être avec un bois plus léger et une envergure de voile plus grande….
Salaï : Maître ? Je vous montre comment cela fonctionne ?
Leonardo : Oh ? Oui bien sûr. Excuses-moi, je pensais à voix haute.
Salaï : Venez par ici. Il y a plus de place.

Amusé, Leonardo se laisse entrainer. Les deux hommes se mettent devant la scène au milieu.

Salaï : Vous remarquerez qu’il y a deux petites sangles sur chaque aile… c’est pour passer les bras comme ceci…et la deuxième…si vous voulez bien m’aider... (Leonardo l’aide à enfiler la deuxième aile)…voilà comme cela…à la manière des oiseaux. Eux, ils n’ont pas besoin de poulies et de cordes. (Une fois les deux ailes en place, Salaï lève les bras ressemblant vaguement un oiseau) Alors qu’en pensez-vous ?

Leonardo ne dit rien, il se contente de sourire en le regardant.

Salaï : Vous ne me paraissez pas très emballé.
Leonardo (plein de douceur) Salaï…Mon bon Salaï…Tu te rends compte que depuis toutes ces années où l’on se connaît, c’est la première fois que tu construis quelque chose pour m’aider ?
Salaï : Ah ?
Leonardo : Je suis fier de toi.
Salaï : Merci Maître.
Leonardo : Mais je doute que tu puisses voler avec ceci. Te rompre le cou très certainement mais voler…non.
Salaï : Ah ? Pourtant je jurerais que…
Leonardo : Toutefois, je tiens compte de ta remarque : il faut que j’allège l’ensemble.

Il s’assoit sur le rebord de la scène juste devant Salaï avec ses deux ailes déployées. La lumière s’atténue sur le plateau pour se concentrer sur les deux hommes.

Leonardo : Un jour l’homme réussira à voler, Salaï. J’en ai eu la vision. Nous aurons sans doute disparu d’ici là, mais le monde continuera d’évoluer. Et l’homme aura acquis suffisamment de connaissance pour quitter la terre ferme... (Salaï commence à battre des ailes doucement) La connaissance. La connaissance est la clef de tout. Tu imagines ? Nous nous envolerions d’abord des hauts plateaux de Florence…
Salaï : (continuant à battre des ailes et se prenant au jeu) Oui du plus haut plateau avec une journée ensoleillée et une brise matinale ….
Leonardo : C’est cela. C’est exactement cela. Et nous volerions vers la Toscane traversant les vallées verdoyantes. Nous verrions toutes ces magnifiques vignes depuis le ciel.
Salaï : Qu’elles sont belles ! La récolte sera pour bientôt, le vin coulera à flots !
Leonardo : Puis direction le sud, vers Rome.
Salaï : Oui, cap au sud ! Rome ! Un petit salut au Pape et nous irions plus loin encore.
Léonard : Plus loin ? Mais tu serais épuisé.
Salaï : Non, non, plus loin.
Leonardo : Plus loin… plus loin… Si tu veux…Nous volerions encore…Jusqu’à la baie de Naples où jadis le Vésuve rentra en éruption pour détruire Pompéi. Ecoutes-le gronder. Vu du ciel, il ressemble à une bouche béante prête à nous avaler.
Salaï : Oui. Mais nous sommes trop hauts et il ne peut nous atteindre… continuons… plus loin… plus loin, Maître.
Leonardo : (semblant se perdre dans ses rêveries) Plus loin… D’accord… Nous traversons la mer. Du bleu, du bleu partout autour de nous. Le bleu le plus pur que tu aies jamais vu. Aux milles reflets et aux nuances chatoyantes. Le bleu des eaux en dessous de nous et celui du ciel au dessus. Tu n’as pas peur, Salaï ?
Salaï : Non, j’aime le bleu. J’aime le bleu...Mais… ? Que se passe-t-il ?  Tout devient moins bleu.
Leonardo : Le soleil se couche. Nous devrons voler de nuit. Les côtes de Sicile se dessinent à l’horizon. Nous approchons. Nous voyons les lumières de Palerme. Nous arrêtons-nous ?

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